Histoire et patrimoine

Le blason

Ségur ‘’sécurus locus’’ était à l’origine un château des comtes de Rodez, d’où sa position dominante. Le village bâti sur un éperon barré non loin du Viaur, a dû se fortifier vers 1368.

Située sur l’axe très fréquenté ralliant Millau à Rodez, la commune de Ségur est traversée par la rivière Viaur qui prend sa source non loin de là vers Vezins, chef-lieu de canton.

Pendant longtemps, un proverbe était employé dans la conversation pour caractériser les Ségurais : « Bal maï estre de Ségur que de Prados », « il vaut mieux être de Ségur que de Prades ».
Ce proverbe renferme un calembour et un nom propre. Ségur était autrefois un village fortifié ; il était alors vrai de dire qu’il valait mieux être de Ségur, un village fortifié que de Prades, village sans défense, situé non loin du premier. Intimement lié à la rivière Viaur, cette bourgade du Lévézou a conservé des traces des différentes périodes de l’Histoire dans son paysage.

Ségur

Il ne reste rien du château féodal. Vers la fin du XVIIIe siècle, une grosse tour existait encore près de l’église, ancienne chapelle du château. L’église renferme une dalle carolingienne, en calcaire.

Dans le bourg, non loin de la Poste, une belle maison de style XVIIIe siècle, siège de la maison d’enfants, a un portail extérieur encadré de pilastres à boule et de deux cœurs portant chacun une inscription « l’An 13 », peut-être la date construction ; au-dessus de la porte, des armoiries doubles représentant sur la gauche un oiseau et des vagues.
L’école communale, portant la mention « Hôtel de Ville » située sur la D 29, a été construite juste avant la Grande Guerre.

Le monument aux morts était quant à lui situé à côté, avant son déplacement dans les années 1990. Il représente un lanceur de grenade et reprend le nom de tous les villageois décédés durant ce conflit. Il faut également souligner que les quatre paroisses de la commune ont leur propre monument ou plaque commémorative, en tout, la Grande Guerre aura coûté la vie de plus de 80 Ségurais.

Certains événements se sont déroulés dans la localité. Au Moyen-âge, une école ou sans doute un séminaire était implanté au cœur du village. Dès cette période, Ségur était également renommée pour ses foires et marchés où se retrouvaient aussi bien des commerçants rouergats que des marchands venus du Sud-Est pour vendre du sel, des épices ou bien d’autres produits.

Hormis le climat rude, le Viaur a souvent régenté la vie sur son parcours et particulièrement dans le Ségurès. Les fréquentes crues sont à l’origine de la destruction des ponts et des passerelles de la commune de Ségur. La crue la plus dévastatrice eut lieu le 9 septembre 1909, sur la région du Lévézou où toutes les communes ont souffert des ravages de ces pluies diluviennes et où le pont de Pouly fut entièrement détruit par la force des eaux.

Des moulins sur le Viaur

Un cadastre de 1676, conservé aux Archives de l’Aveyron rappelle l’existence ancienne, dans cette région du Lévézou, de moulins implantés sur le Viaur ou ses affluents. Un recensement des moulins et usines hydrauliques de 1851en dénombre alors seize, sur le mode de fonctionnement du « rodet » en bois (moulin à axe vertical). La plupart servait à moudre du seigle et de l’avoine produits sur ces terres peu fertiles.

Cabanes

Le portail du château porte la date de 1757 sur le claveau central et il a été construit du XIVe au XVIIIe siècle. Au bout de l’allée conduisant à ce château privé, s’élève une croix en pierre de forme trapézoïdale. Elle est ornée des deux côtés de sculptures. A l’avers, le Christ baisse les bras au-dessus de deux petits personnages qu’il semble protéger. Dans les airs, un troisième paraît couronner le Christ ou s’envoler. C’est probablement le thème du Christ libérant les hommes par sa mort sur la croix ou leur ouvrant le Paradis. Au revers, l’image d’un crucifix est à peine esquissée. Sur le socle, on lit la date : 1751, et l’inscription « O crux ave spes unica » (« Salut Ô croix, notre unique espérance ») [strophe du temps de la passion.].

Saint-Agnan

Construite comme elle au XIIe siècle, puis transformée à partir du XIVe siècle, l’église de Saint-Agnan est fournie en éléments romans. Son portail en plein cintre et sans tympan est ressemble beaucoup à celui de Saint-Amans-du-Ram. Comme à Saint-Etienne de Viauresque, de petites figures grimaçantes ou les animaux qui décorent les chapiteaux ou les modillons des corniches sont typiques de l’art roman. Ces décors montrent aussi la vie dans cette région au Moyen-âge, les sculpteurs s’inspirant souvent de ce qu’ils voyaient autour d’eux.

Un bénitier en bronze trône aussi dans l’entrée de l’église et a une forme particulière : une cloche renversée. Il est orné sur le pourtour d’une inscription : « Jésus-Marie Que l’eau bénite nous confère Salut et Vie L’an 1493 » (AVE MARIA GRATIA PLENA (trois fois) AQUA BENEDICTA SIT NOBIS SALUS et VITA L'AN M CCCC XXXXIII.) et est soutenu par trois lions.
Cette petite église présente d’autres pièces dignes d’intérêt : un sarcophage sculpté représentant des scènes de forge sur ses faces. En grès et il mesure 1,90 m de long. Un côté représente une scène de forge : au centre deux personnages encadrent une enclume. L’un tient un marteau levé, le deuxième tient des pinces. Un troisième ouvrier actionne les soufflets. Il daterait des environs du huitième siècle. Une copie est dans le hall des Archives départementales au Centre Culturel, avenue Victor Hugo à Rodez.

Un tableau du XVIIe siècle, représente le miracle de Saint-Amans, premier évêque de Rodez, accompagné de son diacre Naamas et qui, grâce à ses prières, fait foudroyer une idole païenne, sous les yeux des Ruthènes. Il aurait été amené en ce lieu par l’abbé Cassagnes, un des architectes de Saint-Amans de Rodez au XVIIIe siècle qui était natif de Saint-Agnan. Une rue attenante à l’église ruthénoise porte d’ailleurs toujours son nom.

Saint-Etienne de Viauresque

L’église, construite au XIIe siècle, conserve une nef romane mais le reste du bâtiment a été remanié plusieurs fois à partir des XVe et XVIe siècles (chapelles et clocher-peigne). A l’extérieur, des modillons ornent la façade et les côtés de la chapelle et à l’intérieur, des sculptures montrent un joueur de flûte ou un chapiteau historié. Il faut aussi noter la présence de deux statuettes du XVe siècle représentant Saint-Jean et la Vierge. Ces deux statuettes faisaient partie d'un groupe représentant la Crucifixion, dont le Christ en croix a disparu. On peut aussi signaler deux croix gothiques dans le cimetière. A l’entrée du hameau, une jolie croix de chemin représente un Christ en croix de manière stylisée.

La chapelle de Bergounhoux

Cette petite église est dédiée à la Vierge. La tradition rapporte qu’à son origine, un seigneur bourguignon qui traversant ces hautes montagnes, s’égara. Il promit de construire une chapelle à l’endroit où il retrouverait son chemin. C’est aujourd’hui un lieu de pèlerinage, à l’ascension et au 15 août. L’édifice porte le blason de la famille de Vezins.

Saint-Julien de Fayret

Cette église est une des plus récentes, sans doute XVIe siècle. Un retable y a été installé sans doute après la révolution et proviendrait semble-t il du Couvent des Jacobins de Rodez. Il a sans doute été mis à l’abri après les événements survenus au moment de la Terreur. Par ailleurs, il vient de faire l’objet d’une restauration. Lors de la récente restauration de l’église, des petites niches ornées de sculptures gothiques sont apparus sous le crépi.

Viarouge

Enfin, ce hameau est le plus haut en altitude de la commune, soit à 1000 mètres. Une toute petite chapelle y est installée, datant sans doute du XVIIIe siècle, en bon état elle est désaffectée. Situé sur la route ralliant Rodez, Pont-de-Salars à Millau, une maréchaussée y fut implantée pour faire la police du Lévézou.